Research reports

24 September 2025

Les aînés et la fraude au Canada

Option consommateurs recommande que le Canada et le Québec se dotent d’un encadrement robuste pour prévenir la fraude et protéger les victimes.

La fraude atteint des sommets au Canada. En 2024, le Centre antifraude du Canada (CAFC) a reçu 108 878 signalements de fraude, représentant plus de 638 millions de dollars en pertes. Selon cet organisme, ces chiffres ne représenteraient que 5 à 10 % des cas de fraude se produisant au Canada.

Bien qu’une part considérable des signalements provienne de personnes âgées, le phénomène liant fraude et vieillissement demeure peu exploré. Son étude soulève en effet de nombreux défis, notamment le flou conceptuel entourant la notion d’aîné, la disparité des catégorisations des différents types de fraude, ainsi que le caractère essentiellement exploratoire et descriptif de la littérature existante.

Pourtant, les conséquences de la fraude peuvent être catastrophiques pour les victimes, en particulier pour les personnes les plus vulnérables. Ses effets dépassent les seules pertes financières : elle affecte aussi la santé physique et mentale des victimes ainsi que celle de leurs proches. La fraude est ainsi un enjeu majeur de sécurité économique et de santé publique.

À l’exception d’une loi au Québec qui n’est pas encore en vigueur, actuellement le Canada ne dispose d’aucune législation protégeant l’ensemble des victimes de fraude. Selon la loi, seules les transactions dites « non autorisées » sur la carte de crédit font, dans certains cas, l’objet d’une obligation légale de remboursement par les institutions financières. Pour les autres situations, les victimes se retrouvent dépourvues de protection, et ce, même si elles ont été la cible d’une supercherie sophistiquée. 

Cette situation crée un sentiment d’injustice chez les victimes, qui s’interrogent sur le caractère arbitraire des lois encadrant le remboursement, en distinguant entre celles qui méritent d’être remboursées et celles qui ne le méritent pas.

Option consommateurs recommande que le Canada et le Québec se dotent d’un encadrement robuste pour prévenir la fraude et protéger les victimes. À l’instar de l’Australie, le Canada devrait responsabiliser l’ensemble des acteurs dans les principaux secteurs où les fraudeurs opèrent — comme les services financiers, les télécommunications et les plateformes numériques — et les inciter ainsi à adopter des mesures de protection plus efficaces. Comme l’Union européenne, le Canada pourrait s’attaquer aux contenus frauduleux diffusés sur les plateformes en ligne, en tenant les géants du web responsables de la prévention et de l’atténuation des risques liés au monde numérique. 

De plus, à l’instar du Royaume-Uni, le Canada gagnerait à exiger des institutions financières qu’elles remboursent les victimes de tout type de fraude, contribuant ainsi à pallier ses conséquences. Le Canada pourrait également envisager de mettre en place des mesures spéciales de protection pour les personnes les plus vulnérables, comme les aînés, qui ne devraient pas pouvoir se voir refuser un remboursement, quelles que soient les circonstances.