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On ne devrait pas avoir peur de faire de l’épicerie.

Vous entrez à l’épicerie, déjà inquiet de voir le montant de la facture à la sortie. La hausse des prix persiste, c’est inquiétant. Comme si ce n’était pas assez, les épiciers et l’industrie alimentaire utilisent un tas de tactiques commerciales terrifiantes pour vous inciter à faire des achats impulsifs et à remplir votre panier d’articles dont vous n’avez pas besoin. Pas étonnant que vous vous sentiez piégé, vous n’avez pas le choix de manger.

Voyez comment identifier et contourner ces tactiques, parce que personne ne devrait avoir peur de faire l’épicerie.

1. Les rabais pour les achats multiples

Il s’agit d’une stratégie visant à vous inciter à acheter en plus grande quantité afin de bénéficier du rabais annoncé.

 À savoir :

Il n’est pas toujours obligatoire d’acheter l’article en plusieurs exemplaires pour profiter du rabais annoncé. Cela dépend de l’information présente sur l’étiquette de prix :

  • S’il est seulement indiqué 2/5$, vous ne devez pas nécessairement acheter 2 articles pour profiter du rabais. Vous pourriez donc choisir d’acheter 1 article, pour 2,50$.
  • S’il est indiqué 2/5$, ou 2,99$ si vous en achetez 1 (ou à l’unité), vous devez acheter la quantité mentionnée pour bénéficier du rabais.

Soyez vigilant! C’est souvent le rabais disponible à l’achat de plusieurs articles qui est mis de l’avant. Lisez bien les étiquettes afin d’éviter les mauvaises surprises à la caisse.

 

Option consommateurs milite d’ailleurs pour un meilleur encadrement de l’affichage des prix afin que ce soit plus simple pour le consommateur de voir le prix à l’unité.

 

ATTENTION AU GASPILLAGE! Ce genre de rabais est très souvent offert sur des produits périssables, alors si vous finissez par jeter vos provisions, vous aurez perdu bien plus que la valeur des économies que vous aviez faites.

2. Le placement stratégique des articles en magasin

L’emplacement de chacun des articles en épicerie est pensé pour faire augmenter le prix de votre panier d’épicerie.

Pensons, par exemple, à certaines céréales qui sont positionnées à la hauteur des yeux des enfants afin de les attirer et d’inciter leurs parents à en acheter, ou encore aux produits de boulangerie qui sont placés en début de parcours et dont l’odeur ouvre l’appétit pour le reste du magasinage.

Vous connaissez probablement l’endroit où se trouvent les articles dont vous avez besoin et le chemin le plus court pour vous y rendre avant même de passer les portes de l’épicerie. Les marchands le savent et essaient de brouiller les cartes en déplaçant à l’occasion certains articles, vous forçant à passer plus de temps en magasin et à vous rendre dans des sections que vous ne visitez pas habituellement.

 À savoir :

Les bouts d’allées sont aussi très convoités par les compagnies, qui payent plus cher pour s’y trouver, puisque le trafic y est plus important qu’à l’intérieur des rangées.

+ de temps en magasin = + d’articles dans votre panier = + d’argent dépensé

3. Les circulaires et les présentoirs

Saviez-vous que ce n’est pas parce que c’est en circulaire que c’est « en spécial »?

Consulter les circulaires est sans contredit un excellent outil pour planifier les repas en fonction des rabais. Mais encore ici, la vigilance est de mise.

 À savoir sur les circulaires :
  • Pages couvertures (devant et derrière) : C’est là que se trouvent les meilleurs rabais.
  • Pages intérieures : On peut y trouver des spéciaux, mais aussi des produits à prix régulier. ATTENTION aux prix écrits en gros caractères, en couleurs vives ou encore aux mentions qui se trouvent dans des encadrés ou d’autres formes du genre. Ce sont des stratégies pour attirer votre attention et non des garanties que le rabais est intéressant (ou même qu’il y en a un!).
 À savoir sur les présentoirs :

Les présentoirs spéciaux sont souvent payés par le fournisseur lui-même. Il s’agit d’un outil promotionnel visant à attirer le regard. Tout comme pour les circulaires, ce n’est pas parce qu’un produit s’y trouve qu’il est en solde. Le présentoir peut simplement servir à susciter votre intérêt et ainsi donner lieu à des ventes au prix régulier.

À SURVEILLER EN LIGNE AUSSI! Les sites web des épiciers sont aussi réfléchis pour attirer votre attention sur certains produits, qu’ils soient en rabais ou non. Ayez un œil critique devant l’ordre d’apparition des produits, les bannières web et les concours qui vous sont proposés.

4. Les cartes de fidélité et les cartes de points

Quand le produit est gratuit, c’est que vous êtes le produit! Saviez-vous que vous fournissez un tas de données personnelles en échange des offres personnalisées?

Les informations recueillies par ces programmes visent à mieux vous connaître et ainsi vous faire des offres qui correspondent à vos habitudes ou à vos goûts. À vous de juger si ces offres sont suffisamment alléchantes pour justifier le partage de vos données personnelles!

 À savoir :

Rabais instantanés… pour certains clients seulement. Tactique plutôt récente, elle consiste à offrir des rabais instantanés aux détenteurs d’une carte de fidélité ou de points liée à la bannière choisie.  Plusieurs consommateurs se sentent perdus devant ces nouvelles étiquettes. Elles peuvent présenter un prix régulier, un prix spécial pour tous et un prix spécial pour les membres. La vigilance est de mise, autant en magasin qu’en ligne!

Attention aux points bonis! Les promotions qui donnent plus de points bonis à l’achat de certains articles (à l’unité ou à l’achat d’une certaine quantité) peuvent être intéressantes, mais rappelez-vous que vous ne faites pas nécessairement une bonne affaire si vous achetez plus que nécessaire ou si vous n’en avez pas besoin!

5. Des formats réduits pour le même prix (la réduflation)

Vous avez probablement déjà remarqué que le format de votre jus d’orange habituel ou de vos biscuits préférés a diminué, mais que le prix est resté le même.

C’est ce qu’on appelle la réduflation. Il s’agit en fait d’une augmentation de prix, puisqu’on vous offre une plus petite quantité d’un même produit pour le même prix.

 À savoir :

Les fabricants n’annoncent pas ces changements, ils le font souvent sans que le consommateur s’en rende compte tout de suite. Un bon outil pour comparer les prix est de se fier au prix par unité de mesure, donc par 100 millilitres (ml) ou par 100 grammes (g), par exemple. Ces informations se trouvent habituellement sur les étiquettes de prix (elles sont obligatoires au Québec). Vous pourriez aussi vérifier le prix par quantité d’un même produit, mais vendu sous une autre forme. Par exemple, certains pots de fromage à la crème ont été réduits au format de 227 grammes alors que celui en bloc est resté au format de 250 grammes pour le même prix.

Truc de pro : Dans certains cas, il est intéressant de comparer le prix autrement que par le prix au gramme ou au litre. Un bon exemple est le détersif liquide pour la lessive. Une grosse bouteille vous permet-elle vraiment de faire plus de brassées ou le liquide est-il simplement plus dilué? La comparaison du prix par brassée s’avère donc plus pertinente pour ce type de produits.

 

LÉGAL OU PAS?

Bien que cette pratique soit choquante pour beaucoup de consommateurs, elle n’est pas illégale, tant que la bonne quantité est inscrite sur le produit.

Option consommateurs souhaite tout de même plus de transparence de la part de l’industrie afin que le consommateur puisse faire des choix éclairés. Nous recommandons notamment l’obligation pour les entreprises d’indiquer sur les produits que la quantité a été réduite.

 

La réduflation et les taxes, une double augmentation de prix.

En plus de l’augmentation de prix qu’elle occasionne, la réduflation pourrait rendre taxable un produit qui ne l’était pas auparavant. Soyez averti!

Psssttt : bien que les marques maison soient souvent les dernières à réduire leur format, elles utilisent elles aussi cette stratégie! Restez vigilants!

6. La réduction de la qualité pour le même prix (la déqualiflation)

Un terme que vous avez probablement moins entendu, mais qui est pourtant une pratique très courante.

La déqualiflation est une stratégie qui vise à réduire la qualité des produits vendus ou à réduire la qualité d’un service offert, sans pourtant réduire le prix. On peut penser, entre autres, à des modifications à la liste d’ingrédients d’un produit, au fait d’avoir moins d’employés à la caisse, ou même aux caisses libre-service en remplacement d’employés. Tous ces changements peuvent entraîner des conséquences sur les consommateurs, sans qu’ils voient de baisse de prix.

 À savoir :

Changer les ingrédients, sans le dire, c’est légal? Le fait de remplacer le beurre par de l’huile dans une recette de biscuits peut avoir une incidence sur le goût ou la texture, et à moins de connaître par cœur la liste des ingrédients, vous ne vous apercevrez pas du changement avant l’achat (même peut-être jamais!). MAIS, tant que la liste d’ingrédients demeure exacte, cette pratique est légale.

Vous avez des allergies ou des restrictions alimentaires? Il est primordial de toujours lire la liste des ingrédients plutôt que de vous fier à votre marque habituelle.

D’autres conseils pour faire baisser votre facture d’épicerie :

  • Développez votre connaissance du marché. Pour déceler les vrais rabais, vous pouvez consulter une multitude de sites web ou d’applications mobiles pour comparer les prix. Soyez toutefois conscients que certaines d’entre elles vous demanderont de partager vos données personnelles en échange de l’accès à l’information.
  • Favorisez les épiceries à escompte, de petits rabais peuvent faire une grande différence sur votre facture.
  • Faites un budget. Il s’agit du meilleur moyen de fixer vos limites et de respecter vos moyens. Option consommateurs offre d’ailleurs des consultations budgétaires gratuites si vous avez besoin de voir plus clair dans votre budget. Nous avons aussi une grille budgétaire juste ici.
  • Planifiez vos menus selon les spéciaux de la semaine. Avoir de la flexibilité dans le choix des plats vous fera certainement économiser. En ce sens, adapter vos plats aux fruits et légumes de saison est aussi un bon truc.
  • Faites une liste d’épicerie, selon ce que vous avez déjà à la maison, et respectez-la.
  • Soyez ouverts aux marques maison. Souvent faites dans la même usine que les grandes marques, elles sont aussi souvent moins dispendieuses.
  • Mangez avant d’aller faire vos courses. Faire l’épicerie le ventre vide vous mènera à faire plus d’achats impulsifs.
  • Diminuez la fréquence de vos visites à l’épicerie. Cela réduit le risque d’acheter plus que ce dont vous avez besoin.
  • Cuisinez le plus possible. Il y a un coût aux solutions de dépannage comme les plats prêts à manger et le restaurant.
  • Connaissez bien la politique d’exactitude des prix (pour le Québec) et le Code volontaire sur la lecture optique des prix (pour les autres provinces du Canada).