Comment agir face à la fin de la pandémie et au retour de l’inflation ?
Le printemps arrive bientôt et nous pouvons maintenant envisager un retour progressif à la normale. Mauvaise nouvelle : après la pandémie, nous voici aux prises avec l’inflation. Mais bonne nouvelle : on peut agir de manière à en atténuer les dommages !
Il faut d’abord reconnaître les faits et comprendre que ce n’est pas une histoire de bonhomme Sept-Heures juste pour nous faire peur.
Un indice des prix à la consommation à la hausse
De décembre 2020 à décembre 2021, selon Statistique Canada, l’indice des prix à la consommation a progressé de 5,1 % au Québec. C’est la hausse la plus importante depuis 30 ans.
Le coût de l’épicerie monte en flèche
Il suffit de faire son épicerie pour constater que la facture ne cesse d’augmenter. Le prix du bœuf, entre autres, a grimpé de plus de 15 % en un an. Et il faut puiser plus profondément dans ses poches pour acheter du bacon, par exemple, tandis que les fruits et légumes frais coûtent plus cher, comme c’est toujours le cas à ce moment-ci de l’année.
Et c’est sans compter les autres augmentations de prix en ce début de nouvelle année. Une décision de la Commission canadienne du lait va se traduire par une hausse d’environ 5 % du coût du lait au Québec — ce qui entraînera une hausse du prix du beurre, du fromage, du yogourt, etc. —, tandis que les préposés des stations-services sont occupés à changer continuellement leurs affiches pour le prix de l’essence, qui a monté de plus de 10 % en un seul mois.
Désespoir ? Pas nécessairement.
Ce qui se cache derrière l’inflation
Pour commencer, l’envolée des prix de l’alimentation et du carburant dépend essentiellement de facteurs conjoncturels, c’est-à-dire qu’elle est liée à l’actualité. De mauvaises conditions météo ont affecté les éleveurs de bétail, ici comme ailleurs, tandis que les risques géopolitiques — comme un possible conflit entre l’Ukraine et la Russie, un grand producteur de pétrole— , nourrissent la spéculation. En réalité, compte tenu de la popularité croissante des véhicules électriques, la demande en hydrocarbures est appelée à baisser et les prix vont finir par suivre.
Cela ne signifie pas pour autant que les tendances inflationnistes sont temporaires. Il y a un élément qui pèse fort et qui va continuer à peser sur l’inflation : la pénurie de personnel, et celle-ci n’est pas à la veille de disparaître. Pour attirer du renfort, les employeurs n’ont désormais d’autre choix que de proposer de meilleures conditions et leurs coûts de production, alors plus élevés, vont se répercuter en aval.
Les bonnes habitudes en ces temps d’inflation
Donc, la vie est appelée à être plus onéreuse. Comment devrait-on se comporter ?
Des conseils pour les particuliers
En premier lieu, il importe de se libérer de ses dettes autant que possible, surtout ce qu’on appelle les « mauvaises dettes », des emprunts liés à la consommation, en particulier les marges de crédit dont les taux vont augmenter en conséquence.
Les « bonnes dettes », celles qui sont liées à un actif durable, comme une propriété, sont moins touchées. Les propriétaires qui ont choisi des prêts hypothécaires à taux fixes sur quelques années vont notamment avoir droit à un répit avant d’avoir à renégocier leur prêt. Ceux qui bénéficient des taux variables, qui ont été avantageux pendant très longtemps puisqu’ils étaient moins élevés, vont maintenant devoir accepter les conditions de leur banquier.
D’une façon ou d’une autre, la hausse exceptionnelle des prix de l’immobilier aura profité à ceux et à celles qui sont devenus propriétaires. Leur patrimoine augmentait alors que leur endettement diminuait au fil de leurs remboursements hypothécaires.
Des conseils pour les employés
Maintenant, comment agir pour ne pas être pénalisé à cause de la hausse du coût de la vie ? Celui-ci est inévitablement appelé à augmenter, mais on ne connaît pas l’ampleur de cette hausse.
Pour les employés qui disposent d’un certain pouvoir, comme ceux qui sont syndiqués, il va devenir important de demander des ajustements salariaux afin de neutraliser cette hausse et au moins préserver leur pouvoir d’achat.
Ce ne seront sûrement pas des négociations faciles. Est-ce que l’inflation est temporaire ou permanente ? De là des clauses qui pourraient prévoir des ajustements en fonction des prochains mouvements dans un sens ou dans l’autre si les deux parties s’entendent. Ce serait logique.
Mais la majorité des travailleurs ne sont pas syndiqués et ils ne peuvent pas compter sur la force du nombre. Ils vont alors devoir s’en remettre au bon jugement de leur patron, et ce, pas simplement pour une question d’équité. Dans le contexte de pénurie de la main-d’œuvre actuel, ils ont eux aussi l’avantage. Ledit patron ne voudra pas courir le risque de les perdre, sachant qu’il sera difficile de les remplacer.
Des conseils pour les consommateurs
Dans un premier temps, cela vaut la peine de retarder l’achat de biens durables (voiture, électroménagers, meubles et autres) s’il faut les payer à crédit. La Banque du Canada tient à tout prix à maintenir l’inflation autour de 2 %. Les hausses à venir vont finir par s’atténuer. Plus le temps passe, moins emprunter de l’argent coûtera cher.
Dans un deuxième temps, si vous en avez la possibilité, demeurez sur vos positions. N’empruntez pas pour quoi que ce soit à moins que ce soit absolument nécessaire. À court terme, les taux d’intérêt vont forcément grimper. Rien ne dit qu’ils ne redescendront pas à moyen terme.
Les masques qui devaient nous protéger vont bientôt disparaître, mais il sera important que notre vigilance financière, elle, demeure.