Autonomie financière

Introduction

Dans cet atelier, nous traiterons d’autonomie financière et nous vous donnerons des pistes pour l’atteindre. 

Bien que le sujet des finances personnelles puisse en rebuter plusieurs au départ, il est indispensable de développer son autonomie afin d’assurer sa sécurité financière dans une société où le revenu des femmes sur le marché du travail ou au moment de la retraite reste inférieur à celui des hommes.

Dans les prochaines minutes, nous souhaitons vous sensibiliser aux iniquités qui sont toujours présentes et vous suggérer quelques pistes pour agir là où c’est possible, et ce, peu importe vos moyens financiers.

L’autonomie financière est précieuse

L’autonomie financière est précieuse, car elle participe à l’épanouissement et à la liberté de chacun. Nous n’avons pas de pouvoir sur les crises économiques, les inégalités sociétales, ni même sur la maladie ou d’autres événements qui peuvent survenir dans nos vies.

Cependant, comme individu, il est de notre responsabilité de s’impliquer dans la gestion de nos finances personnelles à la mesure de nos moyens. C’est le cumul de nos décisions qui favorisera notre sécurité financière et qui rendra possible la réalisation de nos projets, mais qui nous permettra aussi de répondre à nos besoins et à ceux de nos proches.

L’amour d’un couple s’exprime non seulement dans les douces attentions, mais aussi dans la capacité de ses membres à trouver un équilibre financier sécuritaire pour les deux.

Aimer sans s’appauvrir, c’est partager équitablement et prévoir ensemble l’atteinte de votre autonomie financière.

Qu’est-ce que l’autonomie financière?

Commençons par une définition de l’autonomie financière. Une personne qui est autonome financièrement a la capacité et les connaissances nécessaires à la gestion de ses finances personnelles. Elle peut faire ses choix et prendre ses décisions en toute liberté.

Cette personne est en mesure de faire un bilan et un budget, de payer ses factures, d’ouvrir des comptes, de faire des emprunts et d’épargner. Ultimement, elle sera en mesure de maintenir son niveau de vie au moment de sa retraite.

Quand deux personnes décident de s’unir et de partager, en tout ou en partie, leurs avoirs et leurs dus, chacune des personnes doit avoir accès à l’ensemble des informations qui concernent la mise en commun de la gestion financière, afin de prendre des décisions éclairées et de pouvoir participer pleinement à sa propre sécurité financière.

S’intéresser à ses finances

Il n’est pas toujours facile de s’intéresser à ses finances personnelles ou à celles de son couple, que ce soit par manque de connaissances, de compétences ou de confiance. Il peut être parfois tentant de déléguer cette tâche à son partenaire.

Mais sachez que plus vous développez vos connaissances, en vous informant sur le sujet ou en consultant des experts, plus vous vous sentirez à l’aise. C’est ainsi que vous développerez votre confiance et votre envie de vous impliquer dans la gestion de vos finances.

De plus, sachez que même si un des partenaires prend plus en main les finances du couple, ce n’est pas un signe de manque de confiance que de jeter un œil aux dépenses, aux états de compte ou aux placements. C’est plutôt une façon d’avoir les informations nécessaires pour participer, en toute connaissance de cause, aux décisions qui touchent votre vie.

Les risques de ne pas s’occuper de ses finances

Ne pas s’occuper de la gestion de vos finances personnelles, c’est vous exposer à :

• Prendre des décisions sans avoir toutes les informations en main pour en connaître les réelles conséquences;
• Vous faire imposer des décisions qui ne correspondent pas à vos choix personnels;
• Perdre de vue votre intérêt personnel et aussi celui de votre famille;
• Vivre de possibles abus financiers, qu’ils soient involontaires ou volontaires;
• Perdre votre pouvoir de corriger une situation avant qu’elle ne se dégrade;
• Mettre une croix sur des projets prévus;
• Avoir une retraite inconfortable;
• Vivre de la vulnérabilité financière;

Perdre votre confiance en vos capacités et en votre sentiment de compétence;

• Perdre votre autonomie financière.

Si vous décidez de déléguer une partie de la gestion de vos finances personnelles à votre partenaire ou à une autre personne, jetez un œil RÉGULIÈREMENT, soit une fois par semaine ou tout au plus une fois par mois, sur vos revenus, vos dépenses et votre épargne. Assurez-vous que les décisions prises correspondent à vos objectifs et vos choix, et contribuent à votre bien-être financier.

Outils et stratégies

Les freins à l’autonomie

Certaines croyances limitatives ou difficultés personnelles peuvent vous pousser à ne pas vouloir vous impliquer dans la gestion de vos finances personnelles ou de celles de votre couple.

Lorsqu’il est question de finances, est-ce qu’il vous arrive de vous entendre dire :

• C’est trop compliqué pour moi;
• Je déteste les chiffres;
• Je manque de connaissances;
• Je manque de temps;
• Ça ne servira à rien, je n’ai pas assez d’argent de toute façon;
• Je ne me sens pas à ma place;
• Je crains de prendre une mauvaise décision?

Prendre conscience de vos limites est le premier pas pour vous aider à trouver l’action appropriée pour les surmonter. Ne pas s’impliquer peut avoir de lourdes conséquences. En effet, 74 % des femmes veuves ou divorcées disent avoir eu des surprises négatives au moment d’une rupture ou du décès de leur conjoint et 76 % regrettent de ne pas s’être impliquées dans les décisions tout au long de leur mariage ou de leur union, selon un sondage mené en 2021 par la banque internationale UBS Group AG.

La responsabilisation

La responsabilisation est le seul chemin menant vers l’autonomie financière. Pour y parvenir, il vous appartient de prendre le temps d’examiner vos besoins et de chercher des solutions pour les combler.

Une fois votre besoin identifié, demandez-vous si vous pouvez trouver la solution par vous-même. Si votre réponse est « oui », vous pouvez passer à l’action! Si vous répondez « non », que vous manque-t-il? Avez-vous besoin d’acquérir des connaissances supplémentaires ou plutôt de vous tourner vers une aide extérieure pour acquérir ce qui vous manque?

Dans tous les cas, n’hésitez pas à en parler à votre entourage et à poser des questions. Vous pouvez également consulter la section Ressources à la fin de cet atelier. Par exemple, si vous avez besoin d’aide pour apprendre à faire un budget, sachez que vous pouvez vous tourner vers une ACEF, comme Option consommateurs, pour rencontrer gratuitement un conseiller budgétaire.

Cerner vos besoins

Il vous sera plus facile d’aborder le sujet des finances avec votre partenaire si vous avez pris le temps de cerner vos besoins, de vous situer dans le présent et de vous projeter dans l’avenir. Est-ce que votre situation actuelle correspond à ce que vous voulez? Où aimeriez-vous être dans 5 ans, dans 10 ans? Ou lors de votre retraite? Pour trouver comment y parvenir, vous devez y réfléchir et agir en cohérence avec vos objectifs, tant d’un point de vue personnel que familial ou financier.

Pour y arriver :

1. Prenez le temps de bien analyser votre situation actuelle et faites votre budget;
2. Ensuite, visualisez-vous dans le futur, réalistement;
3. Donnez-vous une direction, des buts à atteindre;
4. Identifiez les besoins auxquels vous devez répondre pour y arriver;
5. Planifiez les gestes concrets à poser et les dates pour les réaliser;
6. Anticipez les problèmes à contourner;
7. Adaptez vos buts ou replanifiez, au besoin, en fonction des nouveaux événements qui se présentent dans votre vie, comme
   • La venue des enfants;
   • Un proche malade;
8. Gardez le cap sur vos besoins et les moyens d’y répondre pour atteindre vos buts.

Par la suite, refaites le même exercice avec votre partenaire. Tentez au mieux de répondre aux questions précédentes, cette fois-ci pour les finances de votre couple. N’hésitez pas à consulter l’atelier Parler d’argent malgré les tabous pour en apprendre plus sur la communication dans le couple ou à demander de l’aide à un conseiller budgétaire pour y voir plus clair.

Apprendre à investir

S’occuper de ses finances personnelles, cela veut dire être en mesure de faire un bilan et un budget, de payer ses factures, d’ouvrir des comptes, de faire des emprunts et d’épargner.

Si vous arrivez à épargner, vous êtes probablement déjà en mesure d’effectuer toutes les autres tâches requises pour la gestion de vos finances. Cependant, pour faire fructifier votre épargne, il faut un peu plus de connaissances.

Comme consommateurs, nous n’avons pas tous eu accès aux informations nécessaires pour s’initier aux règles du marché et aux outils à notre disposition. C’est pourquoi nous vous invitons à démystifier le monde de l’investissement auprès de sources fiables et à visionner notre atelier sur l’épargne et la retraite

Améliorer sa situation financière

Écarts de revenus sur le marché du travail

Il est d’autant plus important pour les femmes de prendre en charge leurs finances personnelles, puisque malgré les avancées et leur ascension sur le marché du travail, l’équité n’est toujours pas acquise.

Selon une étude de l’Institut du Québec, dès le début de leur carrière, les femmes sont encore confrontées à un marché du travail qui leur offre moins de revenus que leurs confrères masculins, pour le même type d’emploi. Qui plus est, cet écart s’agrandit après 5 ans d’employabilité, bien que les femmes aient autant d’expérience que les hommes qui en sont au même stade dans la progression de leur carrière.

On constate également que plus les femmes œuvrent dans un secteur où les revenus sont élevés, plus l’écart de revenus entre les femmes et les hommes est grand.

Négocier son salaire lors de l’embauche

Un autre facteur qui entre en ligne de compte dans les écarts de revenus entre les femmes et les hommes est que les femmes acceptent plus facilement que les hommes le salaire proposé lors de l’embauche… sans le négocier! C’est l’une des raisons qui explique l’iniquité salariale toujours présente dans le marché du travail québécois. 

Le salaire que vous négociez à l’embauche est celui qui servira de base pour les prochaines indexations ou augmentations de salaire possibles pour l’emploi concerné. Voici quelques conseils pour vous aider :

• Avant la négociation, situez votre valeur sur le marché. Effectuez des recherches, par exemple dans les offres d’emploi similaires au poste que vous convoitez, et observez les échelles salariales proposées. Vous pouvez obtenir des informations sur les sites des associations professionnelles, les sites d’offres d’emplois, les réseaux sociaux ou dans votre réseau personnel. Ces informations vous aideront à déterminer un objectif salarial juste.
   
• Prenez également le temps d’évaluer les possibilités de l’organisation pour laquelle vous voulez travailler. Un organisme à but non lucratif risque d’avoir moins de marge de manœuvre qu’une grande entreprise privée.
   
• Prenez le temps de situer le contexte du marché pour le poste convoité. Par exemple, si vous savez qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur, votre pouvoir de négociation est un peu plus grand que dans un contexte où il y a beaucoup de travailleurs disponibles et peu d’emplois offerts.
   

Habituellement, ce n’est pas lors de l’entrevue qu’il est approprié de parler de vos attentes salariales. Il est préférable d’attendre de savoir si vous êtes la personne retenue. Si c’est le cas, vous êtes en meilleure posture pour parler de vos attentes. Vos attentes ne doivent pas se limiter au salaire seulement, elles peuvent aussi contenir des éléments importants de vos conditions de travail comme les congés et les vacances de même que les autres avantages sociaux comme les régimes de retraite.

Comment négocier son salaire

Si vous envisagez de demander une augmentation de salaire pour un poste que vous occupez déjà, les conseils précédents continuent de s’appliquer. Cependant, comme c’est vous qui initiez la demande, votre pouvoir de négociation est différent. Il importe également de se préparer pour faire sa demande.

Pour ce faire, il faut que vous soyez en mesure de bien situer votre valeur ajoutée dans l’organisation. Cherchez les arguments qui viendront appuyer votre demande. Par exemple :

Par la suite, fixez votre objectif salarial, celui que vous voulez atteindre. L’objectif est de déterminer comment évoluer pour l’atteindre au sein de cette organisation.

Choisissez la bonne personne avec qui discuter de votre salaire, celle qui est habilitée à vous accorder cette augmentation. Faites-lui part de votre objectif et voyez ensemble la possibilité de l’atteindre.

Évitez une approche de confrontation avec ultimatum. N’oubliez pas qu’à l’issue de votre négociation, vous devrez sans doute continuer de côtoyer votre supérieur.

Sachez également qu’un employeur n’a pas l’obligation de vous accorder une augmentation salariale. Cependant, si vous constatez qu’il existe de la discrimination au sein de votre organisation, vous pouvez le signaler. En effet, au Québec, les employeurs de plus 10 employés ont l’obligation d’appliquer une politique d’équité salariale afin de s’assurer que l’on reconnaît la même valeur aux postes et aux tâches dites féminines qu’aux postes et aux tâches dites masculines.

Si vous constatez que les travaux d’évaluation d’équité salariale n’ont pas été effectués correctement, vous pouvez porter plainte auprès de la CNESST. Si vous avez besoin de conseils ou d’aide pour trouver de l’information, vous pouvez communiquer avec le Y des femmes de Montréal et le Centre local d’emploi de votre région.

L’importance d’être autonome

Conclusion

Les femmes peuvent finalement s’attendre à vivre un peu plus longtemps que les hommes. Elles auront donc besoin d’un peu plus d’argent pour satisfaire leurs besoins lors de la retraite. Or, comme nous venons de le mentionner, les femmes ont plus de difficulté à épargner tout au long de leur vie parce que globalement, leurs revenus sont moindres que ceux de leur conjoint.

La lutte pour l’égalité et l’équité entre les hommes et les femmes se joue à plusieurs niveaux. Bien que l’on constate une amélioration sur plusieurs générations, il nous appartient, à l’échelle individuelle, d’agir là où nous le pouvons. C’est la somme des petits gestes qui fait la différence et c’est d’autant plus vrai quand on parle de budget et de finances personnelles.

Si vous avez du mal à garder l’équilibre financier, ne vous isolez pas. N’hésitez pas à faire appel aux nombreuses ressources disponibles que vous trouverez dans la fiche Ressources pour vous aider.