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Choisir son mode de partage
Cet atelier aborde les divers modes de partage des dépenses et des revenus dans le couple. Nous y expliquons toutes les méthodes, en plus d’exposer les avantages et les inconvénients de chacune. Vous pouvez suivre cet atelier en visionnant la vidéo ou le texte ci-dessous.

Dans cet atelier, nous aborderons les différents modes de partage des revenus et des dépenses afin que vous et votre partenaire trouviez une équité selon vos revenus, vos dépenses et vos objectifs, et ainsi vous assurer à tous deux une sécurité et une autonomie financières.
Aucun mode de partage n’a l’obligation stricte d’être suivi à la lettre. Soyez créatifs, adaptez-les pour que ça convienne à votre réalité, vos valeurs et vos besoins.
Nous vous souhaitons de belles discussions de couple à la suite de cet atelier.
Avant de choisir son mode de partage
Avant de choisir votre mode de partage des dépenses ou avant de remettre en question celui que vous avez actuellement, vous devez vous poser quelques questions :
Quel est le niveau de transparence attendu entre vous et votre partenaire?
La transparence ne signifie pas nécessairement de tout dire à l’autre, mais il est important de partager ses attentes en ce sens. Par exemple, quel type d’informations souhaitez-vous connaître en lien avec les choix financiers de votre partenaire? La mise en commun des attentes permettra d’éviter les mauvaises surprises et une perte de confiance envers l’autre.
Les besoins financiers des deux partenaires sont-ils respectés?
Assurez-vous que les deux partenaires sont en mesure d’assurer leur sécurité financière, qu’ils peuvent tous les deux assumer leur part des dépenses tout en étant capables d’épargner pour leurs besoins de retraite ou encore de réaliser certains projets.
Est-ce que les deux partenaires se font confiance et se sentent libres de faire leurs choix?
Après avoir réfléchi à ces questions et en avoir discuté, il vous faut regarder vos dettes, vos dépenses et vos revenus pour déterminer le meilleur mode de partage des dépenses pour vous.
Partager une dette
Nous avons défini trois types de dettes à prendre en compte :
Les dettes communes
Il s’agit de celles que vous contractez pour un projet ou un achat de couple, d’un commun accord. Ce type de dette est donc plus facile à assumer puisque vous en bénéficiez aussi. Toutefois, avant d’aller de l’avant, il faut vérifier votre capacité respective à rembourser et les conséquences de cette dette sur vos finances familiales. Demandez-vous aussi qui profitera le plus de l’achat en commun. Par exemple, s’il s’agit d’une voiture et que l’un des deux partenaires travaille sur la route et l’utilise 60 % du temps, est-ce que vous devriez diviser la dette en fonction de son utilisation? À vous de le déterminer.
Les dettes personnelles
Si, par exemple, votre partenaire doit s’endetter pour suivre un cours tout en travaillant afin d’obtenir un avancement dans sa carrière, a-t-il un revenu suffisant pour rembourser sa dette sans cesser de partager les dépenses communes? Êtes-vous à l’aise à l’idée de consacrer plus de temps et d’argent à l’organisation familiale? Souhaitez-vous le soutenir dans le remboursement de sa dette afin de profiter plus tard des bénéfices de l’avancement dans sa carrière? Ces questions doivent être posées même si la dette n’est contractée que par l’un des partenaires, puisqu’elle a une incidence sur l’autre.
Les dettes préexistantes à l’union
Votre amoureuse a une dette étudiante à rembourser qu’elle a cumulée avant de vous rencontrer. Il lui faudra quelques années encore avant de pouvoir partager équitablement les frais de la location d’un logement plus grand. Êtes-vous prêt à l’attendre pour qu’elle puisse respecter son budget? Ou préférez-vous l’aider à rembourser son prêt pour habiter à un autre endroit plus rapidement?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, mais si vous prenez une entente particulière, n’oubliez pas qu’il vaut mieux le faire par écrit pour s’assurer qu’elle soit respectée.
Les dépenses
Pour déterminer le mode de partage qui vous convient, vous devez également vous questionner sur la façon dont vous dépensez :
Êtes-vous une personne qui aime dépenser beaucoup ou une personne très économe?
Vous est-il facile de respecter vos engagements financiers ou prenez-vous parfois un engagement sans vérifier si votre budget le permet?
Êtes-vous une personne impulsive dans vos dépenses? C’est-à-dire : est-ce que vous êtes en mesure de reporter une dépense si votre budget ne vous le permet pas, ou vous préférez ne pas vous priver, quitte à recourir au crédit?
Répondre à ces questions peut vous aider à identifier votre zone de confort et si elle correspond aussi à celle de votre partenaire.
Les revenus
Le choix de votre mode de partage sera grandement influencé par vos revenus respectifs. Si vos revenus sont approximativement les mêmes, vous pouvez choisir de ne partager que les dépenses communes et chacun de vous sera en mesure de faire ses choix quant à son épargne et à ses dépenses personnelles.
Toutefois, si vos revenus sont très différents, l’un de vous risque de ne pas pouvoir mener le même train de vie que l’autre… à moins que l’autre accepte de partager. C’est encore plus vrai lors de l’arrivée des enfants dans le couple.
- Connaissez-vous vos revenus respectifs?
- Êtes-vous prêts à tout mettre en commun? Ou à partager votre revenu avec l’autre?
- Votre épargne sera-t-elle incluse dans votre budget commun ou sera-t-elle intégrée à votre fonds de dépenses personnelles?
- Préférez-vous que vos revenus soient dans vos comptes respectifs ou dans un compte commun?
Il est essentiel de répondre à ces questions afin de choisir le meilleur mode de partage pour vous.
Le partage des tâches
Dans le choix du mode de partage, il faut considérer l’aspect financier, mais aussi l’aspect du temps, c’est-à-dire le temps consacré aux tâches domestiques, aux tâches éducatives et aux autres soins de la famille. On l’oublie souvent et personne n’attribue de valeur salariale au temps dédié au bien-être des autres, sauf quand c’est notre métier.
Une éducatrice en garderie peut gagner jusqu’à 30 $ de l’heure, une cuisinière près de 23 $ ou encore une préposée aux bénéficiaires, 25 $, mais une personne qui accomplit des tâches liées à ces métiers au sein de son ménage ne sera pas rémunérée.
Pourtant, le travail requis pour organiser et planifier le bon déroulement de la maisonnée entraîne des conséquences sur le travail rémunéré, surtout s’il est mal réparti entre les deux membres du couple. Très souvent, la répartition de ces tâches s’installe progressivement, sans qu’il y ait vraiment eu de discussion sur le sujet. Il est cependant important d’en discuter et de penser à une répartition équitable des tâches domestiques, de leur gestion et de leur planification.
Le temps consacré aux tâches domestiques et à l’organisation familiale, c’est du temps non rémunéré qui a une valeur. Le partenaire qui n’a pas à s’en occuper peut consacrer plus de temps à un travail rémunéré, ce qui peut le mener à faire plus d’heures supplémentaires, à avoir plus de possibilités de promotion et ainsi à avoir plus d’argent pour ses dépenses personnelles et sa retraite.

Le travail invisible
La charge mentale, c’est-à-dire tout le travail d’organisation, de planification et de gestion du quotidien du foyer est un travail qui prévient les problèmes… il n’est donc pas souvent remarqué. C’est ce qu’on appelle le travail invisible.
Même si la participation des hommes s’est améliorée au fil du temps, l’éducation des enfants, les tâches ménagères et les soins de la famille restent l’apanage des femmes.
Dans un sondage mené en décembre 2023 par la firme Léger, pour le compte de la Chambre de la sécurité financière, plus de trois femmes sur cinq (61 %) affirment en faire plus que leur partenaire lorsqu’il est question des tâches domestiques et éducatives.
Comme nous venons de le mentionner, il est important de prendre conscience que si l’un des partenaires est surreprésenté sur le plan du « temps » consacré au travail invisible, il est fort possible qu’il se sacrifie sur la sphère de la sécurité financière.
Avez-vous déjà pensé à corriger cette iniquité par une compensation financière? Le partenaire qui en fait moins dans la maison pourrait verser un montant à l’autre pour des dépenses personnelles, payer plus de dépenses communes ou contribuer à l’épargne de la personne qui en fait plus.

Les formes de partage
Il existe plusieurs méthodes de partage. Nous allons vous en présenter quelques-unes qui impliquent autant le partage des revenus que des dépenses.
Elles peuvent être adaptées en fonction de votre situation et doivent être révisées, tout comme votre budget, lorsqu’un changement important survient dans votre vie, comme lors de l’arrivée d’un enfant, une maladie, une perte d’emploi ou la retraite.
La mise en commun des revenus
Commençons par la mise en commun des revenus : le couple partage les revenus, les dépenses et l’épargne. Parlons d’abord des avantages :
Ce type de partage est simple, car il y a un seul budget pour tout le monde. Peu importe le revenu, toutes les dépenses sont partagées et l’épargne-retraite est planifiée pour les deux.
La personne qui a un revenu moindre en sort gagnante.
Cependant, si les revenus sont inégaux, celui qui gagne plus doit avoir un bon sens du partage parce qu’il contribue plus. Celui qui gagne moins peut ressentir un sentiment de dépendance envers celui qui gagne plus parce que ce dernier pourrait s’accorder ou se voir accorder plus de poids décisionnel.
Quand les dépenses sont inégales, ce mode de partage peut susciter beaucoup de discussions et de mésententes. Dans ce mode de partage, il n’y a pas de jardin secret, toutes les dépenses sont visibles par l’autre.
Attention! Pour les couples non mariés, ce mode de partage peut être risqué s’il n’est pas lié à un contrat de vie commune.
En cas de séparation, ce mode peut favoriser la précarité financière de la personne qui gagne le moins. Consultez l’atelier La fin d’une union pour en savoir plus sur vos droits et les précautions à prendre.

Mise en commun des revenus avec allocation
Dans le cas de la mise en commun des revenus avec allocation, les membres du couple partagent leurs revenus, leurs dépenses et leurs épargnes, mais s’allouent une allocation pour leurs dépenses personnelles. Plus souvent, on parle d’une allocation offerte par la personne plus fortunée à celle qui gagne le moins. Cette façon de faire lui permet d’avoir un peu plus d’autonomie.
Avec ce mode de partage, on conserve la simplicité de la gestion financière de la famille.
Les revenus, les dépenses et l’épargne sont encore planifiés à deux, mais on ajoute la possibilité d’obtenir un espace pour se permettre des dépenses personnelles avec un peu plus de liberté.
Les désavantages sont sensiblement les mêmes que pour la mise en commun des revenus.

Mode de partage 50-50 ou moitié-moitié
Dans le mode de partage 50-50 ou moitié-moitié, chacun conserve son revenu et en dispose à sa guise, à l’exception des dépenses considérées comme communes. C’est un mode de partage qui vise l’égalité des dépenses et qui est privilégié par près de la moitié des couples, selon une étude de la firme Léger pour la Chambre de la sécurité financière, menée en décembre 2023. Il convient bien aux couples dont les revenus sont sensiblement les mêmes.
Ce mode de partage a l’avantage d’être égalitaire quand les revenus sont similaires : il permet à chacun de conserver son indépendance financière en plus de permettre aux deux membres du couple de garder leur liberté de dépenser comme bon leur semble, en dehors des dépenses communes.
Cependant, lorsque les deux partenaires ne progressent pas dans leur carrière à la même vitesse et que les écarts de revenus se creusent, la personne qui gagne le moins peut avoir de la difficulté à suivre financièrement le partenaire qui gagne le plus. Elle peut aussi fragiliser son épargne-retraite, voir s’endetter pour tenter de suivre l’autre. De plus, lors de l’arrivée des enfants, par exemple, les dépenses communes s’allongent et ce mode de partage peut être un peu plus complexe à gérer.

Mise en commun des dépenses – prorata
Le mode de partage des dépenses « au prorata » est peut-être un peu moins égalitaire au sens strict, mais pour les couples dont les partenaires ont des revenus inégaux, il peut mener vers plus d’équité. On partage les dépenses communes en fonction des moyens de chacun. On additionne les deux revenus pour établir le revenu familial et chacun détermine sa part du revenu total.
Au niveau des avantages, mentionnons que chacun dispose de son revenu et d’un sentiment d’indépendance. Ce mode permet un peu plus d’équité pour le conjoint qui gagne le moins. Il peut offrir également une certaine reconnaissance à la personne qui fait don de plus de temps pour la maisonnée et qui ne peut pas travailler autant que l’autre.
Au niveau des désavantages, il faut faire attention si l’écart de revenu est très grand. Le prorata seul ne permet pas l’équité pour l’épargne-retraite.
Pour vous aider à calculer le mode de partage de mise en commun des dépenses au prorata, vous pouvez télécharger notre grille budgétaire et consulter l’onglet « Calcul du prorata ». Vous n’avez pas de formule mathématique à opérer, vous n’avez qu’à inscrire vos revenus respectifs et la grille fera le calcul de votre part des dépenses.

Mise en commun des dépenses – prorata avec mise en commun de l’épargne
Le partage des revenus au prorata peut être bonifié avec une mise en commun de l’épargne.
Quand les revenus sont inégaux, la mise en commun de l’épargne vient équilibrer la disparité et offre une plus grande sécurité financière à celui ou celle qui gagne le moins. Ce mode de partage reprend les indications que l’on vient de voir, mais on y ajoute une ou deux des actions suivantes :
- Le conjoint qui gagne le plus peut prendre sous sa responsabilité entière une ou quelques dépenses communes.
- L’épargne devient commune, mais chaque personne continue d’y contribuer au prorata de son revenu.
L’avantage est qu’il y a un peu plus d’équité pour la personne qui gagne le moins.
Le désavantage est que la gestion financière est légèrement plus complexe.
Mise en commun des dépenses - prorata avec versement d’un revenu
Lorsque les écarts de revenus sont très importants, il est également possible de faire la mise en commun des dépenses au prorata avec versement d’un revenu.
Pour ce faire, il est possible d’entreprendre les deux actions suivantes :
La personne qui gagne le moins réduit sa part du prorata afin d’utiliser l’argent récupéré pour bonifier son épargne-retraite si elle le désire.
La personne qui gagne le plus assume une part du prorata de son conjoint moins fortuné.
Les avantages de cette façon de faire est qu’elle augmente le montant des liquidités disponibles de la personne qui gagne le moins pour lui permettre d’augmenter son épargne. Elle reconnaît aussi l’apport en temps de la personne qui s’occupe de la famille.
Le désavantage est que la gestion est légèrement plus complexe.
Mise en commun de la charge familiale
Finalement, le dernier mode de partage que nous aborderons est la mise en commun de la charge familiale. Celle-ci peut être une solution pour les familles recomposées qui cherchent une façon de payer les dépenses communes équitablement, le plus simplement possible, ou pour celles qui ne désirent pas mettre en commun leurs revenus.
La gestion du budget pour les familles recomposées n’est pas simple. Chaque parent a déjà la responsabilité de répondre aux besoins de ses propres enfants, mais interagit aussi avec ceux de son partenaire.
Le mode de partage de la mise en commun de la charge familiale consiste à séparer les dépenses au prorata du nombre de personnes à la charge des 2 parents. Prenons l’exemple d’une famille recomposée de 8 personnes. La famille est composée du conjoint A et de ses 4 enfants et du conjoint B et de ses 2 enfants. Le conjoint A pourra assumer la part de 5/8 (soit 5 personnes sur 8) des factures communes, soit dans ce cas-ci, 62 %. Le conjoint B pourra assumer la part de 3/8 (soit 3 personnes sur 8), ce qui représente 38 % des dépenses.

La fiscalité
Peu importe le mode de partage que vous choisirez pour apporter plus d’équité dans la gestion de vos finances personnelles et de couple, les gouvernements fédéral et provincial vont considérer, lorsque vous êtes mariés ou que vous habitez plus d’un an en couple, que vos revenus et vos dépenses sont mis en commun. Il est donc possible que l’un d’entre vous soit pénalisé ou avantagé par rapport à la situation qui précède la vie de votre couple.
Par exemple, si le revenu de votre partenaire est beaucoup plus élevé que le vôtre, il se peut que votre crédit de TPS ou de solidarité soit imputé. Si vous viviez seul avec vos enfants issus d’une première union, il est également possible que votre allocation canadienne pour enfant ou votre allocation familiale soient diminuées si vous faites le choix d’habiter avec ce nouveau partenaire.
Pour mieux connaître l’impact fiscal de votre nouvelle vie de couple, il est possible de consulter un comptable ou les sites qui vous renseigneront sur les crédits d’impôt et diverses prestations pour les particuliers, comme celui de l’Agence du revenu du Canada, de Revenu Québec ou de Retraite Québec. Les liens se trouvent dans la fiche Ressources à la fin de l’atelier.
En conclusion
Pour vous aider à choisir le mode de partage qui vous convient le mieux, rien de mieux que d’élaborer plusieurs scénarios jusqu’à ce que vous vous sentiez à l’aise et satisfaits.
Option consommateurs a préparé un onglet « Couple – vos situations » dans sa grille budgétaire disponible sur son site web, dans lequel pour pouvez comparer votre situation financière avec celle de votre partenaire. Le lien est disponible dans la fiche Ressources.
Les informations concernant vos situations financières sont automatisées en utilisant les données que vous aurez inscrites dans la grille budgétaire. Vous pourrez ensuite remplir la section « temps dédié au bien-être de la famille ».
Est-ce que le mode de partage utilisé vous convient? Reflète-t-il vos valeurs, votre autonomie financière et la préparation de votre retraite? À vous d’y voir!
Le mode de partage que vous utilisez a des conséquences sur votre santé financière actuelle et future.
Si vous avez besoin d’accompagnement, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec nous pour une consultation budgétaire. C’est gratuit!
Fiche ressources
Consultez notre fiche de ressources pour avoir une liste d'information à consulter.
Bibliographie
Apprenez-en plus sur les sources qui ont mené au partage des connaissances de cet atelier.
Les ateliers ont été réalisés grâce au soutien financier de: