Bonjour et bienvenue à ce nouvel atelier de formation Comprendre les différents types d’unions.
Entre mythes et réalité
Les types d’unions
Au Québec et au Canada, la loi et les gouvernements encadrent les relations de couple. Selon le type d’union, vos droits varient de même que les protections en cas de décès ou de séparation. Dans certains cas, la loi décide pour vous tandis que dans d’autres cas, vous devez vous-mêmes convenir d’une entente pour obtenir des protections.
Si vous vivez en union libre avec votre partenaire depuis 10 ans, croyez-vous avoir les mêmes droits que si vous étiez mariés? La réponse est non! Pourtant, 57% des personnes croient le contraire ou encore ont répondu qu’elles ignoraient la réponse lors d’une étude menée en 2017 par l’Institut national de la recherche scientifique.
Si vous ou votre partenaire décédez sans testament, savez-vous ce qu’il advient de l’héritage? Il est important de bien connaître les différences entre les types d’unions afin de faire le meilleur choix selon ce que vous souhaitez et ainsi éviter des surprises en cas de décès ou de séparation.
Cet atelier d’information déconstruit certains mythes et vous offre des renseignements qui vous aideront à prendre vos décisions en toute connaissance de cause.
Union parentale - NOUVEAU RÉGIME
L’objectif
Depuis le 30 juin 2025, il existe au Québec un régime qui concerne les conjoints qui ont des enfants communs et qui font vie commune. L'objectif de ce nouveau régime est d’assurer une meilleure stabilité pour les enfants, en offrant aux parents diverses protections durant la vie commune, mais aussi en cas de séparation ou de décès de l'un des conjoints.
Il n'est pas obligatoire de vivre ensemble pour faire vie commune. Faire vie commune, c'est avoir des projets ensemble et se présenter comme un couple. Ainsi, si vous avez un enfant commun, mais que vous ne faites pas vie commune, le régime d'union parentale ne s’applique pas.
Qui est soumis au régime?
Tous les conjoints qui ont un enfant commun né ou adopté à partir du 30 juin 2025 sont automatiquement soumis au régime d’union parentale.
Les protections offertes par le régime d’union parentale :
La création d’un patrimoine. Au moment de la naissance ou de l’adoption de l’enfant commun, la valeur initiale de certains biens utilisés par la famille (résidences et leurs meubles, voitures) est automatiquement mise en commun. Vous n’avez aucune démarche à effectuer en ce sens. En cas de séparation, c’est la valeur actuelle des biens communs qui sera utilisée pour établir le montant d’argent à distribuer entre les parents. Les biens sont mis en commun, peu importe qui en est propriétaire ou qui en assume les dépenses, mais votre conjoint ne deviendra pas propriétaire de ce qui vous appartient. Chaque cas est unique et les calculs du partage des biens aussi. Pour en savoir plus, consultez un notaire ou un avocat.
Bon à savoir : Les biens que vous avez reçus ou que vous recevrez en cadeau, par héritage, ou que vous avez entièrement payés avant le début de la vie commune sont exclus de ce patrimoine.
IMPORTANT : Le patrimoine d’union parentale est la seule protection du régime dont on peut se retirer, à condition que les 2 conjoints soient d’accord.
Marche à suivre pour le retrait du patrimoine d'union parentale: Si votre enfant commun ou né ou adopté à partir du 30 juin 2025, vous devez consulter un notaire ($). La méthode de calculs est la même qu’en cas de séparation. Si le retrait est effectué dans les 90 jours qui suivent la date de début de l’union parentale (naissance ou adoption de l’enfant commun), il n’y a aucun partage de la valeur des biens communs à effectuer.
- Des protections pour la résidence principale.
- Même si un seul des conjoints est propriétaire de la résidence principale, les deux partenaires doivent être d’accord pour la louer, y mettre une hypothèque, la donner ou la vendre. Les mêmes règles s’appliquent aux meubles qu’elle contient.
- Dans le cas où la résidence principale serait louée, le même principe s’applique. Ainsi, même si un des 2 conjoints se trouve sur le bail, il doit avoir l’accord de son partenaire pour sous-louer, faire une cession de bail ou mettre fin au bail. Pour bénéficier de ces protections, les locataires doivent aviser le propriétaire de l’immeuble que le domicile sert de résidence principale à la famille. Il peut être avisé par l’ajout d’une note au bail ou encore par l’envoi d’une lettre en courrier recommandé. Les règles concernant les meubles sont les mêmes que la résidence soit louée ou achetée.
- Un droit de succession automatique prévu par la loi envers le conjoint. Si vous n'avez pas de testament, au moment de votre décès, votre conjoint héritera du tiers de vos biens alors que vos enfants (communs ou d’une relation précédente) hériteront du reste, soit les deux tiers.
Et si les enfants communs sont nés ou adoptés AVANT le 30 juin 2025?
Si vous êtes toujours conjoints, il est possible d’adhérer volontairement au régime et de bénéficier des protections qu’il offre si les deux partenaires sont d’accord. Vous pouvez le faire en utilisant la plateforme en ligne du gouvernement du Québec, et y indiquer si vous souhaitez qu’un patrimoine soit créé ou non. Si un autre enfant commun naît ou est adopté après le 30 juin 2025, le choix de ne pas créer de patrimoine doit être confirmé auprès d’un notaire dans les 90 jours.
À garder en tête :
- L’union parentale ne vient pas créer d’obligation de pension alimentaire entre les ex-conjoints. L’obligation d’une pension alimentaire pour les enfants est toujours présente en cas de séparation.
- Le fait qu’un enfant soit majeur ne met pas fin au régime d’union parentale.
Des questions persistent quant à ce nouveau régime? Contactez notre notaire, c’est gratuit!
Union de fait
Un couple est en union de fait, donc ses membres sont conjoints de fait, lorsque les partenaires font vie commune avec des enfants ou non. Les deux partenaires cohabitent, mais n’ont pas les mêmes droits ni les mêmes responsabilités que les couples unis civilement ou mariés, et ce, peu importe la durée de la vie commune.
En effet, si vous êtes en union de fait et que votre conjoint décède, vous n’héritez pas automatiquement de ses biens, sauf si c’était prévu au testament. Nous en traiterons plus loin. Par ailleurs, le type d’union ne touche pas les droits de garde des enfants : ceux-ci restent les mêmes, peu importe si les parents sont mariés ou non.
En union de fait, vous pouvez consentir aux soins de votre conjoint, s’il en est incapable.
Vous pouvez également conserver votre appartement, s’il y a rupture, même si vous n’aviez pas signé le bail.
Puisque certaines lois vous considèrent comme un couple, ceci peut entraîner des conséquences sur votre admissibilité à certaines prestations ou encore le montant de celles-ci, par exemple :
- L’aide sociale;
- L’aide juridique;
- L’impôt sur le revenu et l’accès à certains crédits d’impôt ;
- Le Régime de rentes du Québec;
- Les accidents du travail.
Vous ou votre partenaire pouvez donc obtenir, sous certaines conditions, des indemnités en cas de décès de l’autre, notamment lors d’un accident de voiture ou d’un accident de travail.
Finalement, notons que vous n’avez pas d’obligation alimentaire envers votre partenaire en cas de séparation, sauf si vous l’avez prévu dans un contrat de vie commune.
Importance du contrat de vie commune
Parlons donc du contrat de vie commune. En tant que conjoints de fait, vous n’avez pas de patrimoine familial, ce qui veut dire que rien ne vous oblige à partager vos biens à parts égales lors d’une séparation.
Le contrat de vie de commune est donc une entente conclue entre les deux membres du couple qui vous permet notamment de déterminer le partage des responsabilités entre les partenaires lors de la vie commune. Il permet aussi de décider de ce qui adviendra de vos biens comme la résidence familiale en cas de séparation, et du versement ou non d’une pension alimentaire à l’un de vous deux.
Le contrat de vie commune ne remplace pas le testament ou le mandat de protection, que nous verrons plus tard dans l’atelier.
Union civile et mariage
Si vous souhaitez vous unir officiellement, il existe deux options, soit le mariage ou l’union civile. Les droits et obligations qui découlent de ces deux types d’union sont les mêmes.
Vous pouvez vous marier dès l’âge de 16 ans. Toutefois, avant 18 ans, vous devez avoir une autorisation du tribunal en vous adressant à la Cour supérieure. Les époux ont les mêmes droits et devoirs, peu importe leur sexe. Ils doivent faire vie commune, ce qui veut dire avoir des projets communs et pas nécessairement habiter sous le même toit.
S’il n’y a pas de testament, chaque époux devient l’héritier légal de l’autre.
Le mariage assure également une protection du patrimoine familial entre les époux et permet de demander à l’autre une pension alimentaire pour soi-même, en plus de celle qui peut être accordée pour les enfants.
L’union civile a été créée en 2002 pour permettre l’union des couples de même sexe et elle n’est valide qu’au Québec. L’union civile existe toujours, bien que le mariage soit désormais possible pour les couples de même sexe depuis 2005.
Pour vous unir civilement, vous devez avoir 18 ans ou plus. Il s’agit d’un engagement public, votre contrat d’union civile doit être notarié.
Les deux partenaires ont les mêmes droits, devoirs et obligations que les personnes mariées, mais au Québec seulement. Par exemple, si vous désirez adopter un enfant dans un autre pays, il se peut que cette union ne soit pas reconnue.
L’union civile peut prendre fin par une déclaration commune notariée, si vous n’avez pas d’enfant à charge, par une dissolution de l’union en s’adressant au tribunal, par un mariage puisqu’il vient remplacer l’union civile ou encore par un décès.
Le conjoint uni civilement peut aussi hériter en cas de décès en l’absence de testament.
Les régimes matrimoniaux et patrimoine familial
Au Québec, il existe trois types de régimes matrimoniaux et d’union civile :
Ce dernier était le régime matrimonial par défaut au Québec avant le 1er juillet 1970. Il n’est presque plus utilisé aujourd’hui et n’est pas recommandé par les notaires, nous n’en ferons donc pas une description complète et nous nous concentrerons sur les deux autres régimes.
Séparation de biens
Le régime de la séparation de biens est un régime qui peut être choisi autant par les couples mariés qu’unis civilement. Selon ce régime, chaque conjoint reste propriétaire de ses biens, peu importe s’ils ont été achetés avant ou pendant l’union, et les gère lui-même. Il paie également seul ses dettes, sauf celles qui ont été contractées pour la famille.
ATTENTION! En cas de séparation, peu importe le régime, les partenaires doivent se partager le patrimoine familial, ce qui vous oblige à partager à parts égales la valeur de certains biens. Nous vous expliquerons ce que contient le patrimoine familial un peu plus loin.
L’avantage de ce régime est qu’il assure l’indépendance financière des époux, puisqu’il vous protège des dettes ou des difficultés financières de votre partenaire.
Société d’acquêts
Le régime de la société d’acquêts est le régime appliqué automatiquement à tous les conjoints mariés sans contrat de mariage. Il s’applique aussi aux époux unis civilement qui n’ont pas de contrat notarié.
Ce régime sépare en deux catégories les biens détenus par les partenaires :
Les biens propres sont les biens que vous avez acquis avant de vous unir ainsi que d’autres types de biens acquis durant l’union, comme des legs ou des dons, des droits ou des avantages en vertu d’un contrat ou d’un régime de retraite ou encore vos vêtements.
Les biens acquêts sont en général ceux que vous avez acquis pendant votre union comme votre salaire, vos revenus de placement ou encore des biens que vous avez acquis avec ces revenus. Un acquêt est également tout bien dont vous ne pouvez pas prouver à qui il appartient entre vous et votre partenaire.
Si vous mettez fin à l’union, chaque partenaire conserve ses biens propres et doit se partager à parts égales les biens acquêts. Le tout se fait après avoir partagé à parts égales le patrimoine familial.
L’avantage de ce régime est la solidarité financière entre les conjoints, comme le partage des biens se fait également entre les partenaires. Il est possible de renoncer aux acquêts de son partenaire, mais celui-ci peut tout de même conserver les vôtres.
Le patrimoine familial
Nous arrivons enfin à l’explication du patrimoine familial qui, comme mentionné précédemment, doit être partagé à parts égales, peu importe le régime que vous avez choisi lors de votre union. Le patrimoine familial existe pour tous les couples mariés ou unis civilement même si vous et votre conjoint n’avez pas d’enfant.
Le patrimoine familial inclut les résidences où habite votre famille, les meubles des résidences ainsi que les véhicules que vous utilisez pour déplacer votre famille, peu importe qui en est propriétaire dans les faits. Des montants que vous avez acquis pendant votre union sont également inclus, comme ceux accumulés dans un régime de retraite.
Certains biens sont exclus, comme des biens personnels, des bijoux par exemple, un commerce, vos comptes en banque ou encore vos placements, vos obligations d’épargne, vos bons du Trésor ou les actions que vous ou votre conjoint avez pris (à l’exception des REER).
Il est possible de renoncer au patrimoine familial.
Pour plus de détails concernant les types d’unions et les régimes matrimoniaux et d’union civile, consultez un notaire
Protection légale et succession
Parlons maintenant des documents légaux qu’il est important de prévoir pour notre sécurité et celle de nos proches en cas de maladie, d’inaptitude ou de décès. Commençons tout d’abord par la procuration.
La procuration
Il n’est pas obligatoire de faire une procuration, mais il peut être sécurisant de savoir que vous pouvez compter sur quelqu’un de confiance s’il vous arrive quelque chose.
Bon à savoir : La personne qui donne la procuration (le mandant) conserve tous ses droits. Il ne faut pas confondre la procuration avec le mandat de protection, que nous aborderons dans les prochaines minutes.
La procuration spécifique ou générale peut être rédigée par un professionnel tel qu’un avocat ou un notaire. Il est également possible de la rédiger soi-même à l’aide d’un modèle offert sur le site du gouvernement, qui se trouve aussi dans le document Ressources à la fin de l’atelier.
Le mandat de protection
Le mandat de protection, autrefois appelé le mandat d’inaptitude, vise à vous protéger, vous et votre famille, si vous devenez inapte, c’est-à-dire si vous n’êtes plus en mesure de gérer vos affaires en cas de maladie ou d’accident.
Le mandat de protection autorise une personne à s’occuper de vous et de vos besoins, et de gérer votre argent. Le mandataire peut prendre toutes les décisions sur vos finances et sur votre santé. Légalement, le mandataire doit toutefois préserver au maximum vos intérêts.
Il n’est jamais trop tôt pour faire un mandat de protection, pas besoin d’attendre d’être vieux! Le plus tôt vous le ferez, le plus tôt vous et votre famille serez rassurés en sachant que quelqu’un de confiance s’occupera de vous et de vos affaires en cas de besoin.
Par exemple, si vous avez épargné, vous voudrez sans doute vous assurer de la continuation d’une saine gestion de vos actifs, malgré une situation qui ne vous permet pas de le faire. Le mandat de protection permet à la personne choisie de le faire pour vous.
Le mandat de protection devient exécutoire que lorsque la personne qui l’a rédigée, le mandant, devient inapte et que le mandat de protection est homologué par le tribunal. Le processus d’homologation contient plusieurs étapes; un avocat ou un notaire peut vous accompagner dans les procédures.
Le mandat de protection remplace la procuration, s’il y en avait une.
Le mandat de protection peut être fait devant deux témoins ou devant notaire. Un lien vers un formulaire proposé par le gouvernement du Québec est disponible dans la section Ressources en fin d’atelier.
En résumé, la procuration est utile lorsque vous êtes toujours APTE. Lorsque vous devenez INAPTE, ce sera le mandat de protection qui s’appliquera.
Le testament
Personne n’aime parler de décès, mais parler de testament ne fait pas mourir plus vite!
Peu importe l’étendue de votre patrimoine, le testament est la voie à privilégier pour vous assurer que vos proches reçoivent ce que vous voulez leur léguer.
Sachez que, si vous vivez en couple et que vous n’avez pas de testament, la loi prévoit des règles différentes si vous êtes mariés ou conjoints de fait. Si vous êtes mariés et que vous n’avez pas de testament, vos biens, incluant votre épargne et vos placements, pourraient être répartis moitié-moitié entre votre conjoint et vos enfants. Si vous êtes conjoints de fait, toujours sans testament, vos biens pourraient être remis en totalité à vos enfants ou encore à vos parents ou à vos frères et sœurs. Est-ce que cela correspond à vos désirs?
Certaines dispositions en cas de décès peuvent être prévues dans un contrat de mariage, mais elles se limitent à l’autre époux et aux enfants. Le testament quant à lui permet de désigner ses héritiers, la façon dont seront distribués vos biens et la personne qui s’occupera de vos enfants. Vous pouvez aussi y nommer un liquidateur qui sera responsable du règlement de votre succession et des dispositions pour vos funérailles.
Consultez un notaire pour en savoir plus.
Testament notarié
Le testament notarié est fait devant un notaire et un témoin. Le testament notarié vous permet d’être conseillé par un professionnel du droit.
- Un notaire peut vous éviter des erreurs qui pourraient causer de l’embarras à vos héritiers.
- Il peut également vous conseiller afin d’optimiser votre succession, notamment sur le plan fiscal, et de protéger adéquatement vos héritiers.
- Vous léguerez la simplicité à vos proches, puisque le testament notarié est le seul qui prend effet dès le décès.
Méfiez-vous des idées reçues! Par exemple, un testament par vidéo n’est pas valide au Québec! De plus, les plateformes de testament en ligne peuvent sembler une solution facile et économique, mais elles ne s’appliquent pas à toutes les situations. Soyez prudent, pour vous et vos proches!