Le critère financier est important pour vous mais vous ne faites pas l’épicerie calculette à la main. Misère !
Vous voilà devant deux pots de yogourt aux fraises. Les produits sont tout à fait comparables, à un détail près. Il y a un pot de 650 g à 2,99 $ et l’autre, de 750 g, est à 3,29 $. Quel est le meilleur prix ?
Rayon des céréales, allée des boissons, … chaque fois le même casse-tête ! Au moment de passer à la caisse, impossible de savoir combien vous auriez pu épargner sur votre commande si vous aviez pu comparer les prix.
En affichant clairement le prix par unité de mesure, un commerçant vous fournit une information objective qui peut vous aider à faire d’importantes économies.
Exigez que votre détaillant affiche le prix par unité de mesure !
- Qu’est-ce que l’affichage du prix par unité de mesure ?
- Pourquoi afficher le prix par unité de mesure ?
- Quelles sont les dispositions législatives qui font référence au prix par unité de mesure au Canada ?
- Que dit la loi au Québec ?
- Sondage : Les Canadiens et l’affichage du prix par unité de mesure
- Les détaillants alimentaires et l’affichage du prix par unité de mesure
- Quels sont les critères de lisibilité et de clarté d’une étiquette ?
- Quelques recommandations d’Option consommateurs
- Liens utiles
Qu’est-ce que l’affichage du prix par unité de mesure ?
Le prix par unité de mesure est un outil destiné aux consommateurs qui est apparu au États-Unis vers la fin des années 60. Il vise avant tout à faciliter la comparaison des prix de produits similaires offerts en différents formats.
D’un point de vue arithmétique, il est simplement nécessaire de rapporter le prix d’un aliment à une unité de base commune à tous ces aliments, soit en gramme, en millilitre ou tout autre unité de mesure pertinente.
Ainsi, dans cet exemple, le yogourt B s’avère meilleur marché que le yogourt A, quoique par une faible différence de 0,02 $/100g, soit un prix inférieur d’environ 5 %.
Pourquoi afficher le prix par unité de mesure ?
Avec la multiplication des formats, il est de plus en plus difficile pour les consommateurs de comparer de manière objective le prix de deux produits similaires. Par exemple, au IGA, on retrouve une bouteille d’eau Monclair de 1,5 l à 0,79 $ alors que la bouteille d’eau Évian de 1 l valait 2,79 $. Si l’on compare leur prix par par unité de mesure (Montclair = 0,05 $/100 ml et Évian = 0,28 $/100 ml), on note une différence de prix de 560%. Le tableau donne d’autres exemples pour des aliments de base tel que le gruau, la confiture, le jus etc.
Quelles sont les dispositions législatives qui font référence au prix par unité de mesure dans les autres provinces ?
Les pratiques commerciales associées à l’étiquetage des prix sont de juridiction provinciale. Dans les autres provinces, il n’existe aucune obligation, ni aucun encadrement par rapport à l’affichage du prix par unité de mesure. Au Québec, ce type d’information doit être apposé sur l’étiquette tablette associée à un produit, lorsque le prix du produit n’est pas mis directement sur le produit.
L’encadrement de l’affichage du prix par unité de mesure date de 2001. On retrouve les détails dans la Loi sur la protection du consommateur (art. 223) et dans son règlement d’application (art. 91,4 et 91,5). (Extraits pertinents)
Que dit la loi au Québec ?
En résumé, les établissement qui vendent des aliments (tels que les épiceries, les pharmacies et les dépanneurs) et qui n’indiquent pas le prix sur chacun des produits (marquage unitaire des produits), doivent afficher à proximité du produit une étiquette tablette contenant un certain nombre d’informations, dont le prix par unité de mesure. En fait, l’étiquette tablette permet de se soustraire à l’obligation d’afficher le prix sur chaque article.
Sondage : Les Canadiens et l’affichage du prix par unité de mesure
Environ 1 Canadien sur 4 trouve assez ou très difficile de comparer les prix de produits similaires. Les jeunes, les nouveaux arrivants et les personnes âgées ont le plus de difficulté.
Environ 6 Canadiens sur 10 connaissent ou ont déjà remarqué des étiquettes affichant le prix par unité de mesure.
Les consommateurs canadiens qui ont déjà remarqué le prix par unité de mesure sont moins influencés par les soldes.
Notre échantillon est constitué de 1001 Canadiens provenant de toutes les régions du Canada avec des profils socioéconomiques divers. Les sondés sont des adultes sélectionnés de manière aléatoire et interrogés entre le 10 et le 16 décembre. Les pourcentages sont calibrés pour être représentatifs de la composition de la population canadienne en terme d’âge, de sexe et de lieu de résidence. Le calibrage s’est fait en fonction des données du dernier recensement de 2006. La marge d’erreur d’un tel échantillon (n=1001) est de ± 3,1 % et cela 19 fois sur 20
Les détaillants alimentaires et l’affichage du prix par unité de mesure
Nous avons évalué les étiquettes tablettes de détaillants alimentaires au Québec et en Ontario. De manière générale, les étiquettes tablettes présentent de nombreuses faiblesses en terme de lisibilité et d’intelligibilité et pourrait être améliorées pour faciliter la compréhension de l’information par le consommateur.
En Ontario, l’affichage du prix par unité de mesure est parfois utilisé, mais de manière beaucoup moins systématique qu’au Québec.
Au Québec, à plusieurs reprises, nous avons observé des pratiques non conformes à la Loi sur la protection du consommateurs et son règlement (Plainte déposée à l’Office de la protection du consommateur (OPC, Québec) à l’encontre de sept détaillants, le 16 février 2011).
De plus l’esprit de la loi qui est de permettre aux consommateurs de comparer facilement les prix d’articles similaires n’est, lui non plus, pas respecté.
Sur la première étiquette, le prix par unité de mesure est indiqué, sur la seconde, il ne l’est pas.
Ces étiquettes-ci, quant à elles, contreviennent à la loi sur la protection du consommateur
Et que penser de cette étiquette
ou de celle-ci ?
Quels sont les critères de lisibilité et de clarté d’une étiquette ?
En concevant des étiquettes, certains détaillants choisissent d’y intégrer des informations qui ne sont pas destinées aux consommateurs, mais à leurs employés. Lorsque le consommateur est placé devant une étiquette comprenant des informations lui étant destinées ou non, il devra faire un effort d’analyse et d’interprétation.
Un principe important de la clarté d’un message est la pertinence de l’information. Selon Céline Beaudet, experte en lisibilité, « le lecteur ne fera pas l’effort de comprendre un texte écrit si l’information présentée ne lui apporte rien. En noyant l’information réservée au marchand, le producteur de l’étiquette nuit à l’efficacité communicationnelle. Il veut que le lecteur fasse le tri des informations et cet effort est nuisible ». Une bonne étiquette minimisera la présence d’informations inutiles aux consommateurs.
Une bonne étiquette regroupe les différents types d’informations en bloc en évitant de mélanger les informations de nature différente.
La présence de logos publicitaires n’a pas une valeur informative. Il détourne l’attention au lieu de diriger le regard vers une information utile au consommateur.
Le prix par unité de mesure doit être exprimé avec une certaine précision mais au-delà d’un seuil, cette précision s’avère non pertinente, voire entraîne la confusion. Par exemple, un commerçant peut décider d’afficher un prix par unité de mesure de 1,4975$/100g ou de 1,50$/100g. Pour éviter la confusion, les commerçants doivent mettre les symboles appropriés à côté du prix ($ ou ¢) et à côté de l’unité de mesure (ex. ml ou g). Le symbole permet d’éviter toute imprécision.
Quelques recommandations d’Option consommateurs
Nous recommandons que les gouvernements fédéral et provinciaux prennent des mesures pour faciliter la comparaison des prix auprès des groupes vulnérables, notamment, les jeunes, les aînés et les allophones. Pour y arriver, ils devraient rendre obligatoire l’affichage du prix par unité de mesure pour tous les aliments préemballés.
Nous recommandons qu’à court terme, le gouvernement fédéral adopte des lignes directrices encadrant la pratique de l’affichage du prix par unité de mesure, dans le but de l’uniformiser et de maximiser son impact.
Nous recommandons que l’unité de base utilisée pour l’affichage par unité de mesure pour des produits similaires soit harmonisée chez un même détaillant.
Nous recommandons que les produits au rabais affichent également le prix par unité de mesure.
Nous recommandons à l’Office de la protection du consommateur de porter une attention particulière au respect de la Loi et de son règlement relatif à l’affichage du prix par unité de mesure par les commerçants et de prendre les mesures appropriées en cas de non-conformité.
Nous recommandons à l’Office de la protection du consommateur de préciser par voie réglementaire les unités de base à utiliser dans l’affichage du prix par unité de mesure.
Liens utiles
- Affichage du prix par unité de mesure : Utile pour le consommateur ?
Recherche réalisée 2009-2010 - Plainte déposée à l’Office de la protection du consommateur (OPC, Québec) à l’encontre de sept détaillants, le 16 février 2011
- Loi sur la protection du consommateur
- Règlement d’application de la Loi sur la protection du consommateur
Ce dossier est le fruit d’une recherche sur l’affichage des prix par unité de mesure réalisée, entre 2009 et 2010, par François Décary Gilardeau, analyste du dossier sur l’agroalimentation à Option consommateurs.